Le 11
septembre a vu la disparition totale du World Trade Center de New York.
ET la question de la reconstruction s'est posée immédiatement. La
fierté américaine, le coût du bail du terrain, et le besoin de place
dans Lower Manhattan, ont amenés à la décision de reconstruire un
ensemble d'immeuble de bureau encore plus grand, au symbolisme fort.
Je
ne connais pas les procédures qui y ont mené, mais l'architecte
américain Daniel Liebskind a été choisi pour dessiner le projet, sur le
principe d'une "Tour de la liberté" haute de 1776 pieds (en
commémoration de l'année d'indépendance américaine) et donc 541 mètres
de haut, ce qui en fera la plus haute du monde, entourée d'autres
immeubles moins hauts au sommet en pan coupé, et d'un jardin
commémoratif.
Liebskind est connu et reconnu depuis son Musée Juif
de Berlin, objet architectural à la puissance émotionnelle rare, bien
qu'à l'esthétique un peu particulière. Le genre de cas où
l'architecture se doit d'être un art, le bâtiment d'être une oeuvre.
Mais
son projet était peu être trop engagé, je ne sais pas, les maîtres
d'ouvrage lui ont imposé un associé! David Childs, directeur de la plus
grande agence d'architecture du monde. Je n'ai rien contre ce monsieur,
mais le fait d'imposer un associé quand il s'agît de créer une Oeuvre
(car à l'instar du Musée Juif, je pense que c'est bien l'impact
émotionnel et finalement l'expression artistique qui conduisent
l'esprit de ce projet hautement symbolique), qui plus est un associé
qui apparaît comme un directeur d'entreprise plus que comme un "homme
seul devant son oeuvre".
Quand il s'agît de projet de cette nature,
il me paraît inconcevable de laisser influer les petites préférences
personnelles (du détenteur du bail, apparemment).
La nouvelle tour,
redessinée par les deux hommes, leur appartient un peu à chacun et
totalement à aucun. Elle a perdu de son âme.
Comme si, parce que
c'est un ami, le commanditaire de la chapelle sixtine avait obligé
Michel-Ange à finir son plafond avec un autre, qui aurait voulu,
légitimement, y apposer son esprit, sa touche personnelle. C'est
absurde.
L'architecture ne relève pas toujours de l'oeuvre
artistique, c'est même très rare. Mais dans ces cas là j'avais l'espoir
qu'on laisserai l'artiste s'exprimer, sans polluer son discours
d'intérêts divers.
.Le premier symbole de ce nouveau WTC, c'est que l'Amérique fait encore passer le capitalisme avant la liberté.