LE MONDE SELON TELAP

Qui manifeste, qui est en colère, qui peut se permettre de manifester, qui peut se permettre de dire qu'il est en colère.
Il est vrai que la plupart des congrégations syndicales qui ont appelé à manifester, ou en tous les cas à arrêter le travail, correspondent à ceux qui parmi les salariés peuvent être considérés comme les privilégiés. Il est toujours un peu gênant, quand on considère comme humain (pour soi au quotidien) de travailler 50 heures payées 35 pour un salaire à peine supérieur au smic, de voir mugir les féroces grévistes de la SNCF (par exemple) qui ont des conditions spéciales pour travail dangereux (datant de l'époque de la vapeur), qui font leurs 35h à la minute, qui sont à la retraite dix ans avant moi, qui gagnent plus, qui ont une vraie sécurité d'emploi... grogner parce que le gouvernement ne fait rien contre la hausse du pétrole (alors que ce qui ferait stopper la hausse c'est surtout d'arrêter de faire de la bagnole et de s'user les mollets sur un joli vélo) ou les licenciements (moi si je voyais un pays où il y a autant de grèves, je m'implanterai pas...) ou des dé-localisations (même remarque)
Je ne me plains pas du tout sur mon cas, je l'ai choisi et si je voulais changer je le ferais. Mais là j'ai un peu l'impression de voir défiler l'aristocratie française avant la révolution. Sauf que la noblesse d'alors rêvait de conserver ses privilèges quand les grévistes de l'autre jour en voudraient encore plus.
Mon propos n'est pas facilement défendable, je m'en rend compte. Je trouve juste que quand on bénéficie de tels privilèges, on a du culot, au nom de la lutte contre la précarité sociale, d'en demander encore.

Enfin il faut de tout pour faire un monde, et puis ils sont excusés, ils ont fait ça un jour de beau temps...