LE MONDE SELON TELAP

Ce n'est nouveau pour personne que quand on fait plein de choses le temps passe différemment. J'ai l'impression d'avoir été en week-end en pendant des jours et des jours. Plein de moments uniques. Des "instants de Moïse" comme les nomme Joann Sfar.

Encore
Venu aider un ami qui passe son diplôme. Il est dans l'atelier dans lequel j'étais il y a deux ans. Mêmes odeurs, mêmes tables, il reste même des vieux bouts de mes maquettes. Discussion passionée sur oui ou non il faut mettre 22 000 clous ou seulement 15 000 sur cette maquette de cimetière au 1/500e. Le son de nos voix s'arrête, un rayon de soleil vient surprendre le métal des clous et fait briller la maquette. La lumière révèle les irrégularités. Elles sont belles. On sait déjà qu'il ne faudra pas mettre de clous partout, et on profite de la lumière pour avoir encore une ou deux super idées. Ça y est un nuage est revenu.

Encore
Garé en centre ville pour aller acheter quelques bandes dessinées. Parcmètre. Ma petite voiture jaune a vraiment l'air sympa au milieu des autres. Je marche une minute, je croise ma soeur qui me braille qu'un ami qui habite à Paris vient juste d'entrer dans ce bar. J'entre, il est là, il a déjà une pinte de bière bretonne sur le bar et un peu de mousse sur la barbe. Grand sourire de type heureux. Je commande, on trinque. Amitié.

Encore
Après un vernissage étrange, cinéma. Ce troisième instant est un film en entier. "Leningrad Cowboys Go America" de Aki Kaurismaki. Une bande de Dick Rivers russes partent sans un sou pour les États Unis pour faire fortune. C'est du Kusturica rock'n roll.

Encore
Des amis des cousins des amis de cousins. L'appartement est plein. Tous les regards se veulent du bien. La fatigue finit toujours par gagner, et c'est là qu'on réalise à quel point on a passé une bonne soirée. Un grand type souriant tout roux, une petite femme rose qui rit, une soeur indescriptible, un prof de français au t-shirt rayé chevelu barbu raconte des histoires, une cousine qui rit pour un rien mais vraiment pour un rien, une jeune et belle basque espagnole qui parle plein de langues et a froid aux pieds alors elle a mis des chaussettes à doigts, une autre cousine qui se demande à quelle heure elle partira en stop demain...

Encore
Onze heures du matin. Ceux que je devais mettre au début de la quatre voie pour partir en stop sont restés un peu plus. On va au marché. Il fait incroyablement beau, un type joue du Renaud à la guitare, on admire les homards, on mange une galette saucisse, et près des fleuristes on s'assoit en terrasse. Un petit muscadet au soleil, au milieu même des magies du marché ensoleillé. Les autres nous rejoignent. Je craque sur une belle tranche de pain d'épices à partager. Poulet rôti, pain et fromage, le déjeuner est avancé.

Encore
Une heure passée assis sur un banc tout seul à dessiner les gens qui passent. Le froid engourdi mes doigts, les passants veulent voir mes dessins. Une belle fille me demande si je suis aux beaux arts. Non c'est pour ça que mes dessins sont pas terribles. Ça ne la dérange pas et elle m'embrasse avant de repartir en sautillant. Un vieux monsieur s'assoit près de moi, il était peintre de marine, pendant la guerre, il a vu la flotte se saborder à Toulon.

Encore et encore, des moments d'amitié, de chaleur, d'exception. Je veux en être ivre. Oublier le reste du monde, ... quelque fois...

Merci à tous, amis, cousins, belle inconnue, vieux peintre, guitariste du marché...