LE MONDE SELON TELAP

Fermez vos volets, ajustez les couvertures, vérifier les réserves de bois et de vin rouge, oubliez le monde extérieur, le froid est arrivé.

Un oeil s'ouvre, les terminaisons nerveuses de mon visage se reconnectent petit à petit, tout est encore embrumé. Mes yeux demandent de voter des crédits supplémentaires pour s'ouvrir vraiment. Mais le pire est à venir: j'ai la truffe froide. Je le sens, j'ai froid au nez, il ne coule pas vraiment mais il suffirait de pas grand chose. Pour réagir à ce constat d'échec, j'entreprends, par l'intérieur, mes mains étant encore bien planquées sous la couette, de remonter les couvertures jusqu'au dessus de mon nez. Haaaaa quelle folie, mes pieds reçoivent de plein fouet l'agression extérieure, et avec une célérité rare chez un spécimen de ma corpulence, je me replie entièrement en chien de fusil sous les quatre mètres carrés bénis de ma couette chaude et géante.
Position foetale, sur un matelas d'inspiration japonaise de fabrication suédoise, sous une large protection molletonnée d'un gris de circonstance.
L'action qui me permit finalement d'allumer la lumière pour m'aider à me réveiller parfaitement fut interminable. Car à l'effort d'extirper ma main de sous le duvet gras du confort moderne vinrent s'ajouter de longues secondes d'exploration de l'environnement immédiat du pied de lampe dans lequel il m'avait bien semblé pourtant avoir rangé l'interrupteur la veille au soir.
Heureusement la douche fut chaude, je buvais goulûment un grand verre de jus d'orange réparateur, choisi un pull sur lequel je puisse compter pour la journée entière, et partit relativement joyeux et un tout petit peu en retard vers une journée de travail sans intérêt particulier.

Ce week end je met le chauffage en route.