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Tous les matins le
même sentiment. Toujours le même dégoût. Arrivée deux minutes après l’heure,
juste pour se sentir en retard. On cherche une place, le plus près de l’entrée
possible… Ensuite c’est la montée par l’ascenseur. Même odeur de tabac froid,
même regard déjà énervé sur le petit détail mal fini lors de la pose du
revêtement en panneaux de faux bois. On regrette de ne pas s’être dit, ce matin
enfin, qu’on allait changer de vie, partir loin. On a aucun courage. A mesure
que l’on monte les trois hauts étages du bâtiment C, on réalise que la vie est
restée en bas. On monte au troisième comme un mineur qui descend au charbon.
Troisième étage.
Les portes s’ouvrent lentement, on ressent là une vraie nervosité, une envie que
tout aille plus vite, les portes coulissantes de l’ascenseur, les gens, le
travail. Que tout s’accélère soudainement, comme dans les films, qu’on ne voit
que quelques scènes clés de la journée, courtes, avec une musique entraînante.
Mais alors, las,
déjà en retraite, le regard bas, le pas lourd, comme luttant contre une gravité
trop forte, on se dirige vers la porte. Quelques pas seulement. Un regard
habitué à la moquette rouge à motifs au sol, à la porte à gauche qui donne vers
l’escalier, à la sonnette « sonnez et entrez ». La poignée est là,
elle n’attend que ma main. Je n’hésite pas. Comme pour conjurer un sort,
j’avance mon coude, et l’abat sur la poignée rutilante. La porte s’ouvre
vaguement. Je dois la pousser un peu plus, mais tout de suite je ne maîtrise
plus rien. Un mécanisme d’automate se réveille dans mon corps, les rouages se
mettent à tourner, je ne contrôle plus rien, je m’observe. Les premières
douleurs révèlent un sourire forcé, mes yeux se tournent vers la secrétaire, à
l’accueil, elle aussi est sous contrôle, je le sens. Ma main droite saisit la
poignée de la porte pour la refermer. Contact froid.
« Bonjour
Martine ! »
« Bonjour
Tristan ! »
Les deux automates
se gratifient de bises mécaniques. Le même manège avec tous les autres. Des poignées
de mains, des baisers, des bonjours, des comment ça va sans réponse, des mains
moites, des contents du matin, des grincheux. Tous comme hier et comme demain.
Envie de les secouer, de casser l’automate qui s’est installé en eux depuis
tant d’années. Mais sous l’emprise du métal l’homme n’est rien. Alors je
participe mollement aux bonjours traditionnels.
Enfin le compagnon
de toujours, le seul ami, le pire ennemi, le frère. J’arrive devant mon
ordinateur. Il est ce que je regarde le plus de temps dans ma vie. Allumage.
Bruit de l’écran qui se démagnétise. Premier mot de passe. Deuxième mot de
passe, le même. Il met toujours trop longtemps à s’allumer, pourtant dieu sait
que je ne suis pas pressé de commencer à travailler, mais la nervosité ambiante
est tellement forte qu’on s’énerve contre tout ce qui échappe à notre pouvoir.
L’ordinateur est
allumé. Commence la longue attente jusqu’au moment béni où on pourra
s’autoriser à descendre prendre un café.
Commentaires :
Amélie Aschenbroich |
le tiramisu enragéJe regarde donc mon écran, je clique quelques fois et le plan maudit me nargue. Des lignes rouges, jaunes et bleu clair pour ces fouttus menuiseries. Elle est où la poésie? Il est où le fantasme de l'architecte. J'ai même perdu l'intention tiens! Parce que ce qui est beau tout d'abord dans l'architecture, n'est ce pas l'intention, l'idée? le long temps de la réalisation pervertit la fraicheur de ce premier élan. L'idée qui naît d'un monde qu'on habite, c'est comme une mélodie qui jaillit et qu'on pert quand on veut la reproduire...
Bref, ma tendinite au pouce me relance dés que je clique des lignes et, dés que j'ajuste... Qu'est ce que j'ajuste dans une journée! Alors je me lève, ils ont tous de dos, voutés, je me sens coincé, je veux m'enfuir. Alors c'est le flou, je crois que j'ai hurlé, en devenant tout rouge. Je crois que je les ai traités de cons, il me semble même que j'ai balargué l'imprimante A3 sur la moquette aux motifs vraiment trop moches. Martine a eu peur, ils criaient que j'étais fou alors je me suis dit que j'étais moi. Je me suis mis à danser en chantant "Alexandrie, Alexandra" et en improvisant une super chorégraphie, je vociférait Rrraa en crachant et pour le dernier refrain j'étais sur mon bureau et j'écrasais plans, dossiers, calques et clavier, c'étais trop bon! Alors, quand debout sur la table, ma gastrique chanson finie, je m'apaisait un peu, je regarda alors la pièce qui était vachement plus marrante vue de haut. Alors j'eu envie de réciter un poème sur l'architecture et l'amour. Je ne me souviens pas de tout mais il y avait des paquerettes, de l'herbe fraiche, un barbecue, des mouettes, des maisons de pailles et de brique, trois petits cochons, une femme qui mangeait un tiramisu sur un tricycle d'enfant. Et aprés je me sentais mieux. J'ai piqué le tiramisu à la femme trop gourmante et je suis allé le manger tout seul, bien tranquile et au calme dans la maison des trois petits cochons vraiment de plus en plus sympathiques. |
à 11:22