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LE MONDE SELON TELAP


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Virée au bassin minier

Un texte un peu "journal", je ne fait que raconter ma vie.

Nous partîmes un vendredi en fin d'après midi, trois jeunes archis plein de rêves, d'idées et d'envies. Trois archis dans une twingo "jaune anis", partis pour rencontrer un site, un lieu et son histoire.
Deux heures. Honfleur.
Le budget se doit d'être léger, nous montons donc une tente, et allons passer la soirée sur le port. La discussion va bon train, sur la relation entre les terrils qui entourent notre site et la ville peu dense qui nappe le paysage. Christophe et moi proposons en fait de traiter un peu des deux, ville et nature, dans le projet, pour se réserver, à l'intérieur même du projet, la gestion du passage de l'un à l'autre. Mes idées sur les "typologies innovantes" font recette, on décide alors d'appliquer ces principes aux logements comme à l'espace "naturel", en en faisant des ensemble de jardins, comme des jardins ouvriers, que chacun peut s'approprier. Ainsi chaque habitant a un bout de ville (son logement) et un bout de nature (son jardin), et il s'invente la vie qui va avec. La ville et les terrils sont représentés, les hommes font le lien. Dodo.

Le lendemain, à huit heures personne dans le camping, on part comme ça, petit café, croissants au marché de Honfleur, pont de Normandie, autoroute, et Henin-Beaumont est en vue vers midi. Nous sommes maintenant à quelques dizaines de kilomètres de la Belgique.
Le site est là. Il nous attendait. Le terrils sont impressionnants, présents, gris et verts. La misère est palpable chez les habitants actuels du lieu. Les routes sont défoncées, les fils électriques innombrables, tout l'espace vide est un terrain vague. Beaucoup prennent encore les terrils pour des décharges.
Heureusement une visite sur un terril d'Oignies, guidée par un type sympathique et passionné, nous fait découvrir toute l'histoire du bassin minier, cette aventure humaine qui donne de l'âme à une région sans charmes. Il nous raconte les mineurs, en slip bottes et casque, par 30°C à 1000 mètres sous terre. La maladie de son père. L'espérance de vie. Les compagnies, qui construisent les villes (les corons), les églises, gèrent la mine, gèrent la vie. Charbonnage de France, qui récupère tout. Et puis le désarroi, la peur, quand tout ferme. Plus personne n'a de travail, tout le monde est malade. Y'a pas de joie.
"Heureusement, nous dit-il, y'a le foot. C'étaient des mineurs les joueurs du RC Lens, les centaines de milliers d'hommes et de femmes qui vivent là rêvent à travers eux."
Alors bon c'est quoi le projet de typologies innovantes dans ces conditions. On prend tous les trois un peu une grosse baffe quand même. Mais Lucie trouve des bouts de vrai charbon sur les terrils, et nous en donne. Moi j'ai un petit bout de vrai anthracite (95% de carbone!), ça brille.

Au fait, on prononce pas le L à la fin de terril, on dit TERRI. Ça s'écrit comme ça depuis qu'un journaliste qui demandait l'orthographe s'était vu répondre, "ben, comme fusil!".

Du coup on passe la soirée à Lens, on pique-nique devant la mairie. C'est une agglomération de trois cent mille habitants qui a un centre ville plus petit que celui de Morlaix. Enfin il ne pleut pas trop, un sosie de Jonny nous passe devant, sur une trottinette à moteur qui a un drapeau français à l'arrière (rock and roll). Il nous sourit et crie "FORMIDABLE". Lens mène 2-0.
On va finir tout ça dans un petit bistro qui retransmet le match, histoire de se mettre dans le bain. Plein de buts, pour une fois. Lens a gagné, c'est la fête. Jonny est là aussi.
Ensuite on regarde un superbe spectacle de danse sur arte, dans notre chambre de Formule1 (la classe). L'hôtel est bourrés de supporters déçus de Sochaux.

Dimanche enfin il fait beau, on visite des corons, et tout plein de typologies différentes de l'habitat local du bassin minier. On tourne un peu autour de notre site, en prenant quelques photos, des petits films, tout ça. Reportage quoi. On est déjà très différents de la veille, à notre arrivée.
Très marqués, les trois archis. Comment on aurait pu faire du bon boulot sans ce week end ici? Il aurait évidemment fallu y passer plus de temps. Mais c'est déjà énorme. Prise de conscience du passé collectif de tout un peuple. C'est beau, le bassin minier; c'est pas joyeux mais c'est beau.

Cinq heures d'autoroute sous la pluie. Lucie dort à l'arrière, Christophe et moi on parle de musique, de la maison en bois qu'il va se construire bientôt avec sa belle, des parties de pèche sur l'étang de Trébédan, de l'éventuelle rando prochaine. Mais pas du projet. Il va nous falloir quelques temps pour encaisser.

Amiens - le Havre - Caen - bercail.
A Rennes il fait beau, c'est dimanche soir, le calme plat. J'ai l'impression d'être parti un mois. Ouvrir les fenêtres, arroser les plantes, souffler.

Ecrit par Telap, à 13:51 dans la rubrique "Actualités".



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